J'avais parlé du premier album de Sentenced à propos de ma chronique de Pentacrostic (1), et à la réflexion je ne vais pas parler de celui-ci ici, malgré le fait que je l'adore vraiment, pour la bonne raison que c'est spécifiquement le premier morceau, avec son solo d'introduction, puis la rythmique posée qui suit, qui m'ont particulièrement marqué. Le reste n'est pourtant pas anecdotique, c'est du Death Metal intense, solide et inventif, avec des riffs mémorables et accrocheurs, à la Entombed (les 2 groupes étant proches géographiquement, Sentenced venant de Finlande).
Le style de "North from Here" est radicalement différent du premier album, cette fois-ci c'est Taneli Jarva le bassiste qui passe au chant, avec comme on dit une voix de "blackended death", c'est à dire moins criard que du black metal, mais pas aussi guttural que du death. Sa voix est juste parfaite, surtout pour le nouveau style de Sentenced, rapide et enlevé. Il y a des éléments qui pourraient faire penser à du black metal (tremolos sur une même note ou accord), voire à du heavy metal, avec des riffs qui sonnent un peu anciens et vifs.
Cet album est véritablement un voyage dans le nord, pur et glacial, et cette idée est renforcée par la pochette qui présente de la végétation gelée avec une aurore boréale en toile de fond.
Je crois que j'avais acheté l'album sans l'avoir écouté préalablement, sur un catalogue de vente par correspondance, probablement Holy Records, en me basant sur le fait que j'avais bien apprécié leur premier album. Lorsque je l'ai déballé puis écouté, ça a été un vrai choc, je ne m'attendais pas à cela, mais ce fut évidemment une agréable surprise.
Tous les morceaux s'enchaînent parfaitement, et cette idée de perfection est probablement renforcée par le nombre incalculable de fois où je l'ai écouté. C'est peut-être aussi pour cette raison que les autres albums qui ont suivi m'ont moins enchanté, déjà parce qu'ils me semblaient moins authentiques que celui-ci (inclusion d'élément gothic / pop), mais surtout parce qu'à force de le jouer et rejouer, il est devenu un tout cohérent.
En le réécoutant, on remarque parfois des passages qui sonnent, avec le recul, un peu bizarrement, comme dans "Capture of Fire" où un passage fait un peu penser à certaines parties du Bolero de Ravel avec ses notes répétées avec insistance. Le tout est quoi qu'il en soit extrêment technique, avec des riffs longs et complexes, des structures originales, et des changements fréquents. On est très très loin du rock and roll basique.
Rien n'est décidément à jeter dans cet album exceptionnel, mais je pense que "Awaiting the winter frost" est un de mes préférés, même si ce n'est pas possible de n'en garder qu'un seul tellement l'ensemble est parfait.
Si parfait que l'album suivant, "Amok", qui est pourtant très bon, a été immédiatement et injustement détesté tellement j'avais l'impression de subir une trahison par rapport à l'esprit de "North from Here".
L'album se termine sur "Epic", avec un passage typiquement black metal nouvelle génération, ce style commençant à émerger à ce moment, l'album "Pure Holocaust" d'Immortal étant sorti fin 1993 d'ailleurs.
À cheval entre le death et le black metal, "North from Here" est une autre de ces comètes qui m'ont guidé dans ce chemin esthétique où les grandes plaines du Nord sont plus cool que les plages bondées d'Ibiza, et il a vraiment forgé quelque chose chez moi que l'on n'a plus trouvé dans les albums de musiques plus récentes.
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