🎸 Sacrilegium, "Wicher" (1996)

 

 

Avant toute chose, allons écouter directement ce morceau des Polonais de Sacrilegium, tiré de l'album "Wicher", et qui lui inspire son titre :

 

Wicher falami Ognia

 

Il n'y a rien de particulièrement technique, tout est dans la mélancolie, les sentiments, l'ambiance.

 

L'introduction de ce morceau, calme, débute par une poésie déclamée en Polonais, de l'écrivain Fenikowski, avec une référence à la divinité à quatre têtes Svantovit :

 

Svantovid

 

Ensuite cela continue sur un tempo moyen, binaire, typique du vieux black metal à la Bathory, et cela embraye ensuite sur de la double grosse caisse, pour emplir l'espace sonore l'air de rien. Les vocaux black metal reprennent les textes de la poésie précédente.

 

Certains riffs deviennent particulièrement majestueux et rythmés vers 4min30, pour se transformer vers 5min en riff black rapide, sans compromis.

 

Le morceau continue ainsi pendant une douzaine de minutes, alternant les parties rapides, le synthé, les parties plus lentes, ainsi qu'acoustiques (sans saturation), dans une sorte de perdition qui donne l'impression d'entrer dans un monde parallèle, hors du temps.

 

C'est probablement un de mes morceaux préférés en (black) metal, de part tout ce qu'il m'inspire.

 

 

Le reste de l'album est remarquable également, avec un morceau d'introduction dans la même veine que "Wicher falami Ognia", en reprenant une formule similaire : un début tout en ambiance, des voix éparses, des guitares qui débutent sur un tempo moyen, pour ensuite accélérer et proposer des rythmiques démentielles (comme à partir de 3:13 sur "w Dolinie Rwacych Potokow")

 

"Spiew Krukow Czarnych Cieni" ("Les corbeaux de l'ombre noire") commence par un riff d'intro à l'ancienne, au son typiquement polonais (on peut ainsi penser aux débuts de Behemoth), avec son mélange de clavier, de voix claires et saturées, sur des mélodies mémorables, et avec une sorte de folie et de joie hallucinante, pour se terminer par un unique accord, de façon sèche. Du génie !

 

"Wilczy Skowyt" ("Sifflement des loups"), le 3ème morceau est plus linéaire, mais tout aussi intense, toujours avec du synthé qui vient occasionnellement manifester sa présente. Les passages de batterie sont inventifs et viennent briser la monotonie.

 

"w Rogatym Majestacie Snu" commence un peu comme le précédent, sur les chapeaux de roue, mais possède lui aussi son identité propre, comme une entité de la forêt qui pousse tout sur son passage. À partir de 2:31 le tempo redevient lent, avec une progression mélodique qui se déroule implacablement, et une solo en tapping, qui loin de faire du tape à l'oeil, se propose de rajouter juste une conclusion harmonique à l'ensemble. Les deux dernières minutes se terminent par un passage de type Dungeon Synth.

 

"Zagubiona Ciemnosc" est une reprise du titre "Darkness" de leur démo "Sleeptime". Là aussi on se retrouve dans un black metal sans compromis, typique des années 90 (on peut penser au groupe norvégien Carpathian Forest, époque "Through Chasm, Caves and Titan Woods")

 

"Wicher" est sans conteste un de mes albums préférés, pour toute l'énergie et l'ambiance incroyable qu'il dégage. J'avais d'ailleurs repris pas mal de ces morceaux sur ma guitare, c'était un réel plaisir à déchiffrer.

 

La pochette, représentant une sorte de chaman ou de sorcier qui tient à bout de bras un petit arbre et ses racines, et de l'autre main un bâton avec une divinité slave perchée dessus. Le dessin est un peu naïf, mais fortement évocateur, dans des tonalités bleues turquoises et marines, comme si cela se déroulait un peu avant l'aube, ou un peu après le crépuscule, l'air débarrassé des rayons colorés du soleil.

 

Il est inutile de préciser que je n'ai pas spécialement apprécié les derniers albums qu'ils ont sorti par la suite. Sans être mauvais, je ne retrouve absolument plus l'ambiance un peu intimiste de "Wicher", comme si on passait des forêts polonaises à une sorte de temple sataniste tape à l'oeil. C'est bien dommage, parce que malgré leurs qualité, je ne peux pas les apprécier à leur juste valeur, surtout si on tient compte du brillant passé ce groupe. "Anima Lucifera" a des passages qui attirent l'attention, mais à côté de ça il y a du remplissage bourrin façon Behemoth (nouvelle époque), avec des batteries à fond et des hurlements ridicule (ils doivent vouloir donner l'impression qu'ils font un séjour en enfer). Ritus Transitorius sorti en 2019 est un peu plus modéré, mais le son surproduit et pourtant étouffé ne passe pas.

 

Leur carrière est étrange, peut-être qu'ils ont juste simplement suivi une certaine mode, en commençant par du satanisme à 2 balles façon Venom, avec pentagramme, croix renversées sur la démo Sleeptime (qui est par ailleurs excellente), pour continuer vers une imagerie païenne donnant une part belle au folklore et aux traditions de la Baltique. Et pour hélas revenir ensuite à du satanisme de pacotille que certaines stars américaines ne renieraient pas.

 

Restons simplement sur la belle impression de l'univers brillement développé sur Wicher...

 

 

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Wicher sur Metal Archives, avec les paroles.

 

 

#critiques

 

 

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