🎸 Mercyless "Abject Offering" (1992)

 

Il était plus simple d'écouter de la musique avant que maintenant : on achetait la k7, on la faisait tourner dans le lecteur (radiocassettes, baladeur / walkman), et ça faisait l'affaire. Avec la dématérialisation de la musique, on se retrouve à devoir batailler avec les sites de streaming, on devient dépendant de services en ligne et on ne possède plus vraiment sa musique. Bon, il y a également la possibilité de les avoir en mp3, flac ou ogg vorbis sur son disque dur et c'est bien pratique aussi, c'est vrai.

 

Je me faisais ces réflexions oiseuses plus particulièrement parce que j'ai redémarré sur Haiku OS cet après-midi, et voulant chroniquer cet album des Français de Mercyless, je me devais de le réécouter en même temps. Aucun navigateur Haiku ne permettait d'accéder à YouTube ou YewTu.be, mais finalement j'ai réussi à jouer l'album avec l'utilitaire SMTube qui est dédié à cet usage, pour finalement me rendre compte que cela fonctionnait également sur le bandcamp du groupe.

 

Encore un album que j'ai acheté à sa sortie, et c'est rapidement devenu un de mes préférés dans ce style Death-Metal, et même si je ne l'ai pas rajouté dans mon top 10, il n'en est pas loin, peut-être que je devrais l'inclure tellement cet album est spécial.

 

À la première écoute, on pourrait penser que ça ressemble assez à du Morbid Angel, ni plus ni moins. La pochette avec le célèbre Christ de Saint-Jean de la Croix de Salvador Dali n'est pas des plus original, et laisserait présager d'une musique assez convenue.

 

Pourtant je trouve les morceaux bien plus accrocheurs à tous les niveaux que ce qu'on pourrait retrouver dans le death classique. La production est très bonne, sans être extravagante ni tape-à-l'oeil (ou tape-à-l'oreille), en effet tout est audible, mais ça reste assez underground. On trouve une version "remastered" sur YouTube, je ne sais pas si c'est une officielle, mais le son est dégueulasse, l'original se suffisant à lui-même.

 

L'album est court (presque 34 minutes), ainsi que les 8 morceaux qui font en moyenne 4 minutes environ. Mais c'est tellement dense qu'on a l'impression que les compositions sont énormément complexes. Le tempo est généralement rapide, voire très rapide avec des passages "grind", ainsi qu'en double grosse caisse, mais on retrouve aussi des parties plus posées, avec des accords plaqués. Les progressions d'accords sont originales, les riffs mémorables, les solos épiques, avec une identité propre.

 

Un des éléments les plus marquant est la voix du chanteur Max Otero, à mi-chemin entre celle de Chuck Schuldiner (Death), avec un timbre plus grave et plus "agréable", et celle du chanteur d'Obituary.

 

"Abject Offering" pourrait d'ailleurs supporter la comparaison avec "Spiritual Healing" ou "Cause of Death", mais je le trouve même encore meilleur que ces classiques, pour 2 raisons : le son est bien plus chaud, ça ne sonne pas comme une tronçonneuse trop incisive, ou un appareil digital branché directement dans la table de mixage, ça garde la chaleur des amplis à lampe. Ensuite c'est une oeuvre d'art intemporelle, comme une comète qui tombant sur terre balaye tout sur son passage, sans état d'âme ni pathos, ça n'a pas le côté anecdotique et un peu enfantin du Death et de ses clichés.

 

J'ai consigné plus bas l'analyse de la structure d'un morceau. Difficile d'en choisir un tellement l'unité de cet album est grand, comme souvent dans ces albums mémorables il n'y a pas de temps mort, de passages qui ne sont que du remplissage.

 

Substance of Purity (4:22)

 

 

 

En conclusion on peut voir que sur un petit morceau de près de 4 minutes et demi on a énormément de changements et de riffs différents.

 

L'album suivant, "Coloured Funeral", m'a énormément plu également, il reste dans le même esprit, en gardant les riffs mémorables et les structures complexes. Ayant un peu décroché du Death Metal les années suivantes, pour me concentrer sur le Black Metal, je n'ai pas trop suivi les albums d'après. De toute façon ils se sont séparés, pour se reformer en 2011.

 

L'album "C.O.L.D." sorti juste après "Coloured Funeral" présente un mélange de Metallica et Sentenced avec des voix un peu pop, on ne retrouve plus la fougue des débuts. La musique est un peu inspirée de ce que faisaient Pestilence ou Atheist, avec des influences de jazz et de fusion.

 

Les compositions des derniers albums, sortis après 2013, restent assez bonnes, avec un retour à un Death Metal sans compromission, mais le son est trop froid et percutant (surtout sur le dernier album de 2020) pour me donner envie de les écouter plus en détail, on a un peu l'impression d'avoir perdu quelque chose, ou bien de s'être rapproché un peu plus de Morbid Angel. On retombe un peu dans les clichés death enfantins dont je parlais plus haut, et j'ai l'impression d'assister à de la violence gratuite et un peu futile, ainsi qu'à du remplissage parfois, même si certains passages me rappellent un peu les grands moments des 2 premiers albums. Pour retrouver cela plus pleinement, il faudra se tourner vers la démo de 1990 qui contient quelques gemmes, et se remémorer que les moments de grâce ne sont pas éternels...

 

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YouTube

Substance of Purity sur Bandcamp

 

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